Réalisé en 1966 par King
Hu, l'Hirondelle d'or a été restauré en 2004
et est désormais disponible en dvd. C'est une bonne nouvelle pour
les amateurs de cinéma hong-kongais, car ce réalisateur
est essentiellement connu en Europe pour deux films splendides, The
Touch of Zen et Raining in the Mountain, qui ont contribué
à faire connaître le cinéma asiatique et plus précisément
les films d'arts martiaux, aujourd'hui largement diffusés en Occident.
Or King Hu a une filmographie conséquente, et j'étais particulièrement
curieux de voir à quoi ressemblait cette Hirondelle d'or,
film antérieur aux deux autres cités plus haut.
Première impression : le travail de restauration est somptueux,
les couleurs magnifiquement rendues, un travail très impressionnant.
Le scénario est au départ très simple : une jeune
femme agent du gouvernement est envoyée en mission pour délivrer
le fils du gouverneur, qui est aussi son frère, enlevé par
de cruels brigands menés par Tigre au visage de Jade. Les choses
se compliquent quand une deuxième intrigue se mêle à
la première : un faux mendiant ivre et vrai maître en arts
martiaux vient en aide à la jeune fille, poursuivi à son
tour par un autre maître rival. Avouons le tout de suite : l'Hirondelle
d'or est bien inférieur sur le plan du contenu à The
Touch of Zen, n'atteint pas encore la dimension spirituelle et poétique
du chef d'oeure de Hu. Il n'en possède pas moins de remarquables
qualités, dont la première est sans nul doute l'interprète
principale, l'exquise Cheng Pei Pei, qui illumine véritablement
le film. Sa détermination froide, sa fragilité peu à
peu dévoilée, sa grande beauté et sa grâce
de combattante participent incroyablement à la réussite
de l'Hirondelle d'or. Je n'oublierai pas de sitôt ses petits
battements de cils, qui révèlent ici une émotion,
là la proximité du danger, ni ses jaillissements de couteaux
aussi élégants que meurtriers. La scène de la taverne
met particulièrement en valeur le talent de l'actrice, qui se défait
d'une dizaine de brigands tout en mangeant. il est d'ailleurs dommage
qu'elle soit progressivement éclipsée par le personnage
de Chat ivre, excellent par ailleurs, et que sur la fin le scénariste
ait du mal à lui donner la place qu'elle mérite assurément
dans l'intrigue. Mais les combats sont dans l'ensemble très réussis,
le méchant beau et cruel à souhait (ce qui est toujours
bon signe), bref on prend beaucoup de plaisir à découvrir
cette réalisation de King Hu et sa merveilleuse interprète*.
Laurent
G., vu en vf (hélas) en dvd (2004)
*35 ans plus tard, Cheng Pei Pei
jouera Renard de Jade dans Tigre et
dragon.
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