Irréversible
2001
France

Réal. : Gaspard Noé
Avec : Monica Bellucci, Vincent Cassel, Albert Dupontel
1H35
Interdit aux moins de 16 ans

 

1. Paris, la nuit. Des ambulances, une boîte de nuit. Un homme est sauvagement assassiné à coups d'extincteur après une bagarre. On remonte le cours des événements pour comprendre le déferlement de violence.
Admettons d'abord que Gaspard Noé n'est pas dénué d'ambitions : sa structure scénaristique inversée, qui n'est pas en elle-même originale (voir plus bas), participe du caractère "irréversible" de l'histoire ; ses acteurs font une formidable prestation (Cassel, Bellucci et Dupontel) ; son maniement de la caméra, si vomitoire soit-il (tout spectateur normalement constitué se voit constamment contraint de tourner la tête s'il ne veut pas décorer le siège de son voisin avec son repas du soir) témoigne aussi de la folie et de la spirale de violence du début du film.
Bon, arrêtons les éloges : derrière cette recherche formelle, on a beau creuser, on peine à trouver un propos vraiment original, et autre que ce "temps détruit tout", formule dont la banalité fera pouffer de rire tout spectateur qui aura surmonté ses maux d'estomac. Gaspard Noé n'a en fait pas grand chose à nous dire, ce qui est tout de même fâcheux, car du coup les scènes d'une violence insoutenable n'ont plus aucune justification.
Une fois intégrée par le spectateur, la narration "à l'envers" n'apporte plus grand chose au film, sinon un final grandiloquent (et tout aussi vomitoire). Rien à voir avec le splendide récit en flash-back de Peppermint Candy, qui correspondait à une quête à rebours d'une sérénité perdue (je renvoie à la critique de ce film coréen sur le forum).
Le reste du film s'avère creux (malgré des citations kubrikiennes un peu prétentieuses), même si partager l'intimité de deux excellents acteurs n'est pas désagréable. En définitive, Irréversible ressemble à un ballon gonflé d'ambition qui se dégonfle très vite. Quant aux scènes de violence, si elles correspondent à une volonté de créer un scandale lucratif, ce n'est pas très malin. Si elles entendent participer d'une "réflexion" (le mot est mal choisi) sur le crime et sa vengeance, celle -ci, au regard de l'ensemble du film, s'avère inconsistante.
Irréversible, peut-être, mais pas inoubliable.

Laurent Goualle, vu au Méliès à Pau en 2002

 

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