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Quel bonheur (trop rare) de découvrir un nouveau film coréen
sur les écrans français. Eh non, la Corée du Sud
n'est pas seulement le co-organisateur de la coupe du monde de football.
Ce pays possède un vivier de jeunes cinéastes dont les films
se caractérisent par leur audace (Fantasmes) et leur inventivité.
Sans idéaliser une production qui est certainement inégale,
comme ailleurs, la redécouverte d'Im-Kwon Taek grâce à
la Cinémathèque française, l'émergence de
jeunes cinéastes nous
ont réservé de très bonnes surprises. Peppermint
Candy en est une, et partage avec d'autres films (La vierge mise
à nu par ses prétendants, Le chant de la fidèle
Chunyang...) un système narratif particulièrement originial.
Un homme (Yongho) se jette sous un train, après un accès
de violence terrible. Les raisons de son suicide nous sont progressivement
apportées par une suite de flash-backs qui remontent par étapes
le cours de l'existence de cet homme. Chaque étape est merveilleusement
ponctuée de transitions récurrentes (le train qui l'a écrasé
repart à reculons, nous faisant progressivement remonter le temps
et entrer dans la vie et les cassures du héros, dont la violence
prend peu à peu sens). Ce qui est formidable dans ce film c'est
que la forme scénaristique est indissociable du fond, et le recours
aux flash-backs est tout sauf un gadget : il transforme l'intrigue en
une quête à rebours, et donne au film un ton moins
désespéré que le geste du début semblait impliquer.
Peppermint Candy s'achève dans une sorte de sérénité
nostalgique qui tempère les drames vécus par le "héros"
et humanise ce dernier.
a travers le portrait de cet homme, Lee Chang-Dong revient aussi sur les
révoltes étudiantes des années 80 et leur répression
implacable. Nul doute que les blessures de Yongho sont aussi celles d'un
pays tout entier.
Laurent
Goualle, vu à Pau en 2002
PS. Pour ceux que
le cinéma coréen intéresse, à suivre très
bientôt la sortie du film Memento Mori de Kim Tae-yong et
Min Kyu-dong
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