Premier amour
K. Costner revient au genre qui lui a permis des œuvres les plus abouties
(Danse avec les Loups, The Postman). Il livre ici un western
ultra classique sur un thème mille fois abordé : la lutte pour la terre.
Mais Costner aime l'Ouest et derrière la caméra son film prend une dimension
toute nouvelle. Certes il fait l'apologie de valeurs traditionnelles
: amitié, respect, morale, engagement. Mais le tout est traité sous
un angle crépusculaire : un Ouest malade de sa violence et qui ne peut
se dégager de cette spirale. Mais en même temps son film est un plaidoyer
pour ce monde perdu, ce monde de liberté naissance, d'espoir et d'audace.
En somme pour l'Amérique des origines éprise de justice et de liberté.
Tout dans sa caméra respire cet amour, ce romantisme : les plans sont
méticuleux, la ville reconstituée dans ses moindres détails. Kevin Costner
a incontestablement un savoir faire, une précision d'horloger. Le tout
est servi par un duo d'acteurs au summum de leur art. K. Costner garde
la forme, toujours aussi classe, aussi efficace. Il exprime bien le
parcours initiatique du cow boy, qui ne fait que devenir homme. On est
surtout heureux de la performance de Robert Duvall, cow-boy d'un autre
temps dont les valeurs s'effondrent dans l'Amérique naissante. K. Costner
lui a taillé un rôle sur mesure : sage conseiller, homme en fin de vie.
Son regard est désabusé par les tourments de ce fin du XIXè siècle.
La scène où il se détache sur le soleil couchant est forte en symbole
: une Amérique s'en va, une autre la remplace. Un très bon film mais
pas le chef d'œuvre escompté. Il manque un je ne sais quoi, un brin
de folie, un côté Jan Kounen. Ce film est en définitive une pièce de
musée : un western à l'ancienne filmé par un artiste de la caméra.
Hervé
L.
|