French Flair
Que ferait un as du braquage sachant qu'il ne lui reste plus que quatre
semaines à vivre ? c'est à partir de cette idée que Johnnie To nous livre
son nouveau polar, à cheval entre production tout public et film expérimental.
Son film est bon, très bon grâce tout d'abord au scénario. Ecrit par deux
français (de la revue HK) qui ont auparavant signé le script de Black
Mask 2, l'histoire est convaincante, subtile. Elle met en scène l'as
des voleurs et le négociateur numéro de la police de Hong Kong. Les 2
personnages se lancent dans un jeu de cache-cache haletant. Si le thème
est très prisé dans le cinéma de Hong Kong (cf l'amitié flic/truand dans
la production de John Woo), son traitement "frenchie" est très surprenant
et sert admirablement le film. Pas de violence gratuite, d'action exubérante
ou de fusillades dantesques, le film propose un subtile mélange entre
romance, thriller et comédie. On ne peut que saluer la justesse du texte
qui évite la niaiserie hollywoodienne lors des scènes romantiques (la
rencontre andrew Lau, Yoyo mung est magnifique de réserve et de sentiment).
Les scénaristes n'en font pas trop ce qui donne un côté très touchant
à ce polar mené tambour battant. La touche humoristique est parfaitement
distillée : cf le quiproquo de l'hôpital.
Autre point fort : le rythme haletant, imaginatif qui place le film parmi
les meilleures productions de la milkyway. Les acteurs jouent dès lors
sur du velours et s'en donnent à cœur joie. Andrew Lau est encore une
fois au top dans ce rôle sur mesure de gentleman cambrioleur adepte du
costume (son ultime déguisement est inclassable !!!). Son alter ego, Lau
Ching Wan est tout simplement extraordinaire dans la peau de ce flic peu
orthodoxe (cf. la première négociation du film), passionné par son boulot
et cool quelle que soit la situation. Même les seconds rôles sont au diapason.
Mention spéciale pour le commissaire (qui rappelle celui de l'arme
fatale ou de Police story).
Derrière la caméra Johnnie To s'en sort admirablement. Toujours aussi
énergique il profite à merveille des qualités du scénario et d'une bande
son impeccable. On pourrait simplement regretter que son travail n'atteigne
pas la profondeur de The Mission. La fusillade en voiture est en
deçà de que Johnnie To sait faire. Grâce à un scénario il réalise un excellent
polar jonglant habilement entre humour, romance et action. Il ne reste
plus qu'à espérer que la suite encore inédite en France sera du même calibre.
Hervé
L. vu en 2004
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Fasciné
comme Hervé par l'originalité de la mise en scène
de The Mission, je me suis mis en quête
des autres films de Johnnie To. En découvrant ce Running out
of Time, je savourais à l'avance ce que
ferait To d'un scénario pas très original dans les grandes
lignes, mais possédant quelques subtilités "frenchies".
Hors c'est justement là où l'on attendait que le film pèche.
La mise en scène est incroyablement tapageuse, encombrée
par les effets de montage superflus, à l'opposé de toute
la retenue qui caractérisait The Mission. Toute cette kyrielle
d'effets visuels nuit paradoxalement au rythme du film. Car on s'ennuie
ferme devant les va-et-vient dans l'immeuble qui semble la clé
de l'histoire. Le film tourne en rond, mal aidé par une caméra
qui brasse de l'air et des décors assez pauvres et mal utilisés.
Running out of Time souffre des mêmes maux que Fulltime
Killer, à savoir une mise en scène beaucoup trop voyante,
comme si le réalisateur s'était laissé griser par
son talent. Reste des acteurs impeccables : Andy Lau et sa belle gueule
et Lau ching Wan, très convaincant. J'attends encore la confirmation
du talent de To. Sur ses 40 films il doit bien y avoir d'autres "missions".
Laurent
G., vu en 2005
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