Patlabor 2
Japon
1993
Réal. : Ma
moru Oshii
Animation

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Patlabor 1
Avalon

Ghost in the Shell - Innocence

 

Technique du coup d'Etat
Contrairement aux américains, les Japonais n'utilisent pas à l'excès le principe de la suite. 4 ans après son 1er opus, Oshii remet le couvert et signe l'œuvre la plus aboutie de la série. 1ere nouveauté, l'univers des méca est relégué au second plan pour laisser l'intrigue prendre le dessus. Au centre de la toile un certain Tsuge officier, créateur des labors devenu conspirateur. La destruction du principal pont de Tokyo met en scène une mécanique implacable menaçant la démocratie. Le propos d'Oshii est clairement politique. Quelle valeur accordée à nos institutions ? que reste-t-il des réflexes démocratiques ? Le personnage du conspirateur est très intéressant car il met chaque citoyen en face de ces responsabilités. L'atomisation extrême de la société apparaît comme le principal danger de ce système politique. Son action vise à réveiller : contre une déstabilisation passive il choisit une action au grand jour pour voir si l'espoir est encore possible. Oshii est ici sans concession pour son pays et laisse transparaître son passé politique. Le film plonge ses racines dans l'univers politique si particulier du Japon et en même temps son message est universel. D'ailleurs le film est l'occasion pour Oshii d'exposer son point de vue sur la guerre. Une paix injuste vaut-elle mieux qu'une guerre juste ? la paix des démocraties du Nord n'est-elle pas construite sur les guerres de l'extérieur ? Oshii prend clairement parti de dénoncer l'attitude suffisante et l'illusion de sécurité de ces Etats. Sans être belliciste, Oshii rappelle que celui qui laisse se prolonger la guerre ouvre la voie à la prochaine. Le film est troublant : l'occupation des rues de Tokyo par l'armée reste l'un des moments les plus forts du film ; fascinant par l'évocation des ramifications du pouvoir, des luttes d'intérêt et de l'extrême fragilité de notre système. Il dresse une galerie de portraits fascinants, de l'obscur conseiller à la sécurité au capitaine des labors refusant le chantage : on comprend aisément que plusieurs projets d'adaptation sur grand écran ont été élaborés. Reste à la fin une note optimiste : l'échec du projet grâce à l'énergie de quelques jeunes policiers, la nouvelle génération. C'est sur ces termes qu'Oshii finit son film comme pour bien insister sur ce lien de génération trop souvent dénigré. Une réalisation exceptionnelle donc qui montre bien à ceux qui en doutaient que les mangas riment avec réflexion.

Hervé L.

 

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